07/05/2013

Voyage à Port Lincoln

Le trajet dura environ six heures. L'autoroute filait droit, je pus lire à haute voix sans difficulté : Boyhood de Coetzee, puis le début du Rouge et du Noir. Je fus épatée par les remarques humoristico-ironiques de Stendhal sur les bourgeois de province, qu'il ne portait décidément pas dans son cœur, mais la langue était un peu difficile à suivre pour Charles qui conduisait. Nous passâmes donc à Emma de Jane Austen, tout aussi jouissif.

Nous fîmes halte à Port Augusta pour visiter un supermarché local où nous achetâmes quelques trucs à grignoter. Il faisait déjà nuit.

A Green Patch il y avait plein d'animaux : poules de toutes sortes, canards, dindes, oies, chèvres angora et cachemire, chiens, bientôt abeilles. Le potager de Chrissie était très beau (je n'ose pas imaginer le travail que ça a dû représenter), j'y cueillis des piments et y pris plein de photos (pas encore développées). J'aimai les paysages sévères de Coffin Bay, où nous vîmes des balbuzards faire du surplace dans le vent, sur fond de coucher de soleil. Nous descendîmes sur la plage rocailleuse. L'eau était très froide, je marchai en collants sur le sable. La veille, chaussures et précieuses chaussettes (achetées rue de la Tulipe à Ixelles) avaient été inondées par une vague facétieuse, sur une autre plage où j'avais eu envie de ramasser des coquillages. Je m'appliquai naïvement à coller les conques contre mon oreille en pensant au poème de Claude Roy : 

Si tu trouves sur la plage
un très joli coquillage
compose le numéro
OCÉAN 0.0.

Et l'oreille à l'appareil
la mer te racontera
dans sa langue des merveilles
que papa te traduira.

Au retour, nous continuâmes à lire Boyhood, puis Youth. (Je suis vraiment fanatique de Coetzee.)

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(Avec les kilogrammes de fruits du cognassier de Port Lincoln, j'ai fait de la gelée, tâche ingrate consistant à filtrer et faire bouillir des masses de jus en espérant que ça prendra. Chaque fois que j'en fais, je me dis que c'est la dernière. Pour l'instant, elle est très liquide et a la couleur du miel (Dieu de la pectine, si tu m'entends...). Avec la pulpe fastidieusement passée au moulin à légumes, j'ai fait de la confiture, n'ayant pas encore trouvé de recette de pâte de coings qui marche. Si vous avez ça sous le coude, je promets de poster un billet sur le kasundi.)

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{Roy, Claude, Enfantasques, 1974}
{Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830}
{Coetzee, JM, Scenes from Provincial Life, 2011}

2 commentaires:

Agnèslamexicaine a dit…

je n'ai pas de recettes de pâtes de coing, mais si ta confiture n'a pas pris, tu peux refaire bouillir et rajouter une boule à thé que tu remplis de pépins de citrons; c'est comme ça que je fais tenir ma confiture de mûre qui est aussi très liquide...

Camille a dit…

Merci pour le truc, j'essaierai la prochaine fois. En revanche, je crois que je n'aurai pas le courage de refaire bouillir la gelée qui n'a pas pris. Tant pis.