21/02/2013

À propos d'Alif the Unseen

Il y a quelques jours, j'ai profité d'une pause dans mon travail et d'un début de grippe pour passer deux jours à lire, et je me suis jetée sur Alif the Unseen, que j'avais acheté en octobre dernier. C'est un roman relativement épais (427 pages) mais très facile à lire, dans le sens où il s'agit de ce genre de livre "riche en péripéties diverses et trépidantes que l'on a du mal à reposer car on veut absolument savoir la fin de l'histoire". Enfin, c'est le sentiment que j'ai eu.

Comme je ne boude pas mon plaisir de lecture, j'apprécie ce genre de bouquin qui donne un sursaut d'adrénaline, ce qui ne veut pas dire que je n'aime pas les histoires "où rien ne se passe", d'ailleurs. Enfin, j'ai un peu réfléchi à ce livre et j'avais envie d'en parler ici.

Ce que j'ai aimé : un mélange de genres surprenant et rafraîchissant qui mêle merveilleux déclaré (roman de fantasy plein de magie) + technologie (cyberthriller, réflexion sur l'identité et les mondes virtuels) + politique très contemporaine (révolutions arabes, hacktivisme, censure sur Internet) + sentiment religieux + un peu de théologie islamique + amour et aventures, avec course poursuite dans le désert + un côté borgésien et métafictionnel, avec livre dans le livre et infini des significations du Coran + de l'humour et plein, plein d'imagination.

Ce qui m'a un peu moins plu : finalement, le côté disons "techno" de l'histoire est un peu décevant, ne serait-ce que parce qu'il me paraît vaguement incompréhensible (évidemment, c'est certainement parce que je n'y connais rien). Un peu comme cette lectrice, je pourrais dire que l'idée du livre est plus séduisante que sa réalisation. Dans ce sens, je ne pense pas le relire un jour, une fois aura suffi, mais je vais en revanche conserver son auteure, G. Willow Wilson, dans mon radar littéraire, car elle a indéniablement un talent prometteur. J'ai un peu honte de l'avouer mais en fait, je l'ai découverte via son compte Twitter, ce qui donne la mesure de mon oisiveté, certains jours. Pour ceux qui s'intéressent à ce genre de choses, elle est aussi auteure de bandes dessinées et a publié un texte sur son expérience de la conversion que j'ai bien envie de lire.

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Comme, vous l'avez sans doute compris, Alif the Unseen se déroule dans un univers arabo-musulman, la magie y est principalement le fait de djinns et d'effrits, forcément. Ça m'a fait penser au superbe poème de notre adoré Victor national, que vous connaissez certainement (le poème, je veux dire -- il s'appelle Les Djinns).

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

[...]

Ça continue comme ça, en augmentant d'une syllabe à chaque nouvelle strophe jusqu'au décasyllabe, puis en réduisant pour revenir à deux (notez que Victor a zappé l'ennéasyllabe, qui a mauvaise réputation). Vous pouvez lire le poème en entier ici, par exemple.

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{Willow Wilson, G., Alif the Unseen, London, Corvus Books, 2012 -- pas de traduction française pour l'instant}

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