15/09/2016

Être Charlie ou pas

"Être Charlie" est devenu une expression dont le sens serait, si je comprends bien, "être pour la liberté d'expression, contre la censure". Elle est utilisée tous azimuts et à tout bout de champs, par un peu n'importe qui, y compris des gens qui, par ailleurs, semblent se soucier assez peu de liberté, justement, encore moins d'égalité ou de fraternité.

Récemment, Charlie Hebdo a encore publié un dessin qui a fait scandale, pas sur un sujet religieux mais à propos du tremblement de terre qui a touché le centre de l'Italie le 24 août dernier. Ce dessin semble avoir choqué des gens qui, peut-être, n'avaient pas été gênés par d'autres dessins, à caractère raciste par exemple. On remarquera en passant les indignations à géométrie variable de certains.

Les caricatures de Charlie Hebdo sont rarement drôles, souvent insultantes à divers titres (racistes, sexistes...). Il paraît que c'est du second degré. Les gens de CH sont tellement intelligents et incompris, ceux qui les critiquent sont juste des cons sans humour. Mais quel est l'intérêt d'offenser des victimes ? Est-ce que l'humour satirique doit être de l'humour de bully ?

J'ai été horrifiée par le massacre de la rédaction de CH. Je me suis demandé comment on avait pu en arriver là. Depuis, j'ai vraiment du mal à les apprécier, à apprécier leur travail. Il y a non seulement les dessins mais aussi cet éditorial* qui fait froid dans le dos (très bien analysé ici). Je me sens vraiment mal à l'aise par rapport à ce journal ; leur façon de clamer l'incompréhension du monde à leur égard me fait penser aux tenants de la laïcité "dure" qui, tel notre premier ministre et honte internationale Manuel Valls, adorent expliquer à "nos amis américains" qu'ils n'ont pas compris la laïcité à la française, ce truc tellement génial que le monde entier devrait nous envier et qui permet de verbaliser des femmes habillées à la plage, parce qu'en France "les femmes sont libres".

*Vous pouvez lire ici la traduction anglaise de l'éditorial de Riss du 30 mars 2016. Je ne trouve pas l'original en ligne, mais il est largement cité dans la critique d'Acrimed liée plus haut.

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