23/08/2016

Il est facile de désespérer du monde

Promenade dans l'Uckermark
Mais heureusement, j'ai quelques bonnes nouvelles.
  • Un nouveau livre de la géniale Randa Jarrar sera publié en octobre. Ça s'appelle Him, Me, Muhammad Ali et vous pouvez le précommander ici (site de l'éditeur). Randa Jarrar est l'auteure d'A Map of Home, un de mes livres préférés de tous les temps. Son nouvel opus est un recueil de nouvelles featuring journalists, kids, queers, pregnant girls, birds who are arrested for spying.
  • Un nouveau livre de mon idole JM Coetzee ! The Schooldays of Jesus, qui semble être une suite de The Childhood of Jesus (bouquin fantastiquement bizarre où la mère de Jésus a des problèmes de toilettes bouchées), a été sélectionné pour le Man Booker Prize 2016. 
  • "La journée se termine. C'est doux et un peu triste. On entend le murmure du monde qui bascule dans la nuit ; le bruit lointain d'une route, la musique d'un marchand de glaces, des voix feutrées qui s'interpellent..." (j'adore ce texte extrait des Aventuriers du soir, un très bel album d'Anne Brouillard offert par Ben ; il exprime quelque chose que je ressens très souvent).
  • Les poèmes de Hayan Charara dans Something Sinister me font frissonner.
  • Formation de Beyoncé, c'est vraiment classe. En plus le clip est très beau. J'ai un peu honte de découvrir cette chanson après tout le monde, mais mieux vaut que tard que jamais, non ?
  • En parlant de clips : avez-vous vu celui de Wuthering Heights de Kate Bush ? J'aime cette chanson (spéciale dédicace à J, qui se reconnaîtra) mais le clip est vraiment ridicule. Ou alors il a très mal vieilli. C'est quelque chose dans la manière de danser de Kate, la clairière, la robe rouge et le fard à paupières vert amande.
  • La philosophe Fabienne Brugère défend l'idée d'une République bienveillante (bon, y'a du boulot hein).
  • Une interview de Lamia Ziade, l'auteure d'Ô nuit, ô mes yeux.

09/08/2016

Ce jour qui est un jour comme les autres

                                                  Yasmin et Charles à Singapour

Aujourd'hui c'était mon anniversaire. Je me suis acheté une petite boîte d'aquarelles bon marché et du papier à origami dans un magasin de fournitures d'art, puis je suis allée à l'hôpital voir ma belle-mère qui s'est cassé la hanche. Elle était d'humeur fantasque parce qu'ils l'ont bourrée de médicaments et n'a rien voulu manger. 

À la bibliothèque, j'ai lu Le journal d'un wombat. C'est un excellent livre qui retrace avec finesse et pudeur les multiples périples d'une semaine dans la vie d'un wombat, ce mammifère charmant à la corpulence prononcée. Yasmin était moins intéressée que moi, elle préférait disposer des coussins dans les rayonnages. Plus tard, elle est tombée d'une banquette. Heureusement que dans cette bibliothèque ils aiment les enfants ! 

On a petit-déjeuné au café Troppo et j'ai pris des gaufres, ce qui ne m'arrive jamais. C'était la journée de la transgression. Ben en fait j'étais très déçue car elles avaient un goût de farine complète, ce qui est vraiment naze pour une gaufre.

J'ai lu La Végétarienne de la romancière coréenne Han Kang et l'ai trouvé vraiment génial (je pèse mes mots hein), bien qu'assez angoissant. (Entre nous soit dit, ce n'est pas du tout un texte militant sur le végétarisme.) J'ai aussi beaucoup aimé ce livre de Ben Rawlence sur le camp de réfugiés de Dadaab au Kenya. Je m'interroge sur Édouard Louis, un auteur qui semble avoir tendance à écrire des livres inconfortables mettant en jeu sa vie personnelle. J'admire son intelligence et sa sensibilité mais ai peur de ne pas aimer. J'ai acheté le premier numéro de la revue Téléramadan et suis toujours en train de le lire au bout de plus d'un mois, c'est carrément bien. Il y a même des recettes de cuisine trop classes, comme les galettes harcha et le knafe palestinien (revisité par Fadi Kattan), qui sont parfaites à lire si on a envie de fuir la réalité, par exemple le discours autour de l'islam qui, en France en ce moment, atteint des sommets de délire. On dirait que la classe politique et une partie de la presse n'ont rien d'autre à faire que de s'exciter parce que des femmes organisent une virée à la piscine. Je me demande s'ils se rendent compte à quel point ils sont ridicules. Bientôt, être habillée sexy, en plus de manger du porc et boire du pinard, sera obligatoire pour montrer qu'on est une bonne Française.