27/10/2010

Il y a de très beaux ciels ici -- The Golden Notebook



Il y a peu de choses plus agréables* que de tomber sur un livre, disons, épais et "ambitieux du point de vue littéraire", mais que l'on a du mal à lâcher parce qu'il est si passionnant. C'est ce qui m'arrive en ce moment avec The Golden Notebook de Doris Lessing, qui a reçu le prix Nobel de littérature 2007. (Je ne sais pas vous, mais moi le Nobel m'inspire confiance, contrairement au Goncourt par exemple.)

C'est difficile à expliquer parce qu'en fait, un livre qui parle de femmes qui se posent plein de questions sur leur identité, leur liberté, leurs rapports avec les hommes, la sexualité, la politique, le militantisme communiste, l'écriture, l'argent, l'amitié, la maternité, la psychanalyse, les rêves, la vie quotidienne, la vie émotionnelle, le colonialisme et ce que c'est que d'être une "femme libre" dans les années 1950 en Grande-Bretagne, ça ne doit pas donner très envie (moi par exemple, ça me ferait fuir). Pourtant tout est très beau, intelligent, lucide et même moderne. Poétique par moments, et certainement très bon contre la fossilisation cérébrale. Ce qui n'a pas de prix parce que parfois j'ai l'impression que la vie rend bête. 

Sinon, ce livre donne aussi très envie d'acheter des carnets de couleurs différentes et d'y rédiger son journal, mais de façon à ce que la couleur du carnet ait un lien plus ou moins symbolique avec le type de contenu qui y est privilégié.

* toutes choses égales par ailleurs, bien entendu.**
** en latin, "toutes choses égales par ailleurs" se dit ceteris paribus. C'est beau (et drôlement concis -- deux mots !) mais ça fait un peu pédant, évidemment. 

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{Lessing, Doris, The Golden Notebook, 1962 --- Le carnet d'or, traduit de l'anglais par Marianne Véron, 1976}

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À noter : le texte est disponible en version intégrale sur le site du Golden Notebook Project, avec les commentaires de sept lectrices.

12/10/2010

Souvenir du 11/09/10, rue de la Chapelle à Ottignies

Sourire étudié masquant le vide d'une conversation ?


Je ne sais pas trop par où commencer.

Maintenant, je vis en Australie, un pays où je n'aurais jamais pensé aller. J'ai très peu lu durant ces derniers mois, d'abord parce que j'avais reçu une Nintendo DS et que New Super Mario Bros m'a sottement obsédée (mais, snif et honte à moi, je n'ai pas réussi à ramasser toutes les pièces d'or) -- et ensuite parce que tous les livres me tombaient des mains, dont j'arrachais la peau pour cause d'hypernervosité.

Je ne sais pas quoi dire sur ce pays sinon que les kangourous sont vraiment très beaux, qu'il y a ici une intense vie aviaire et des arbres magnifiques, et que la religion n'a jamais été aussi présente dans ma vie. Ce dernier point est moins angoissant qu'il n'y paraît, pour l'instant.

Je vais aussi me marier au mois d'avril, et ça commence à m'embêter un peu. Pas tant le fait de se marier que tout l'aspect social qu'il y a autour ; on me demande : "Avez-vous commencé à organiser votre mariage ?" et je ne sais absolument pas quoi répondre, d'ailleurs je n'ai pas très envie d'organiser quoi que ce soit. Je ne veux pas de flower girls et j'aimerais bien qu'on ne s'attende pas à ce que je sois rayonnante, parce que, vraiment, ce n'est pas trop mon genre. 

Charles m'a acheté un modèle de téléphone portable évolué (sans clavier, prend des photos, va sur Internet, pourvu d'une fonction GPS), que je déteste de tout mon cœur. J'ai l'impression d'encore une fois tomber dans le piège du marketing et de l'accumulation infinie des objets inutiles  -- c'est sans doute un peu ridicule de dire ça ? Ce qui est drôlement chouette par contre, c'est que j'habite une sorte de maison écologique dont l'électricité est entièrement fournie par des panneaux solaires et dont l'eau provient d'un énorme réservoir d'eau de pluie situé au fond du jardin. On a des seaux à compost, une technique spéciale (impliquant, ahem, un chien) pour faire la vaisselle sans gaspillage et on dîne à la lumière des bougies. Absolument ravie.

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Elle n'a point [...] ce regard menteur qui séduit quelquefois et nous trompe toujours. Elle ne sait pas couvrir le vide d'une phrase par un sourire étudié. (Lettre VI)

Most women will still run like little dogs with stones thrown at them when a man says: You are unfeminine, agressive, you are unmanning me. (préface de juin 1971 au Golden Notebook)